Rencontrez Laetitia Werquin

Rencontrez Laetitia Werquin, enseignante de français dans l’école secondaire néerlandophone KA Emmanuel Hiel à Schaerbeek. Cela fait maintenant 3 ans que Laetitia a rencontré sa première classe. Comment envisage-t-elle son métier ? Quels sont les défis qu’elle rencontre ? Pourquoi est-il important de s’investir dans l’enseignement ? Elle nous partage son expérience autour de 3 mots clés.

 

Transmettre. Cela reste pour Laetitia l’essence même du métier d’enseignante. Mais transmettre ne se résume pas nécessairement à faire passer une information d’un individu (le prof) à un autre (l’élève). Pour Laetitia, il s’agit surtout d’insuffler de la confiance à ses élèves et de les encourager à se dépasser.

Lorsqu’Alia[i], élève de cinquième secondaire, a confié à son enseignante qu’elle craignait son changement d’option par crainte des heures supplémentaires de français qui y seraient associées, Laetitia a cherché une solution pour lui permettre de prendre confiance en elle. Depuis quelques années, les enseignants d’Alia, conscients de la peur panique de l’élève de s’exprimer en français en public, lui avaient permis de réaliser les exercices oraux en individuel. Or, le changement désiré d’option d’Alia imposait une évolution dans sa capacité à s’exprimer en français en public. Laetitia a donc procédé par étapes : un exercice oral par vidéo d’abord, le suivant en petits groupes, etc. Et voilà qu’au mois de mai, Alia se tient devant la classe pour la présentation de l’objet de son choix. Elle a travaillé dur et le résultat est là : elle n’a pas besoin de lire son texte, regarde ses camarades de classe dans les yeux et leur raconte son histoire.

« J’ai envie de demander aux profs de croire en leurs élèves et de rester exigeants envers eux. L’exigence est un signe de respect. « Je parie que tu peux » enseigne la pédagogue Marie Milis

 

Persévérance. La persévérance est une valeur chère à Laetitia qu’elle essaie de cultiver dans le chef de ses élèves. Dans son métier, elle confirme que la persévérance est une alliée de taille.

On raconte souvent aux enseignants débutants que tout se joue dans les premiers jours devant une classe, si pas dans les premières minutes. Cette croyance est source de grosse pression et ne reflète pas ce que Laetitia a pu constater. C’est en prenant du recul au quotidien sur sa pratique d’enseignante et en retournant chaque jour en classe pour tenter de s’améliorer que l’on parvient à instaurer une culture de classe constructive.

« Bien sûr, la situation ne change jamais de manière soudaine mais elle évolue. Nous évoluons tous sur une année et les élèves aussi. »

 

Persévérer sans foncer dans le mur, cela suppose de savoir se remettre en question. L’humilité va donc de pair avec la persévérance.

« J’ai l’impression qu’on devient un peu plus humble quand on devient enseignant. Je pense avoir appris à me décentrer. J’essaye de reconnaitre mes erreurs quand c’est nécessaire et puis d’y remédier. […] J’espère donner [à mes élèves] l’image d’une prof qui essaye de les intéresser, de les faire travailler sérieusement et d’être constante vis-à-vis d’eux. A travers cela, j’espère qu’ils retiendront l’importance de persévérer dans la vie. »

 

Intérêt. Être intéressée par sa matière, par les thématiques de société que le cours de langue permet d’aborder et tenter de susciter l’intérêt de ses élèves est très important pour Laetitia. L’école est un espace essentiel où les futurs adultes peuvent explorer la différence à divers niveaux, exploration nécessaire pour se construire et construire la société de demain.

« Pour certains [élèves], et plus qu’on ne le pense, l’école est l’unique endroit où l’enfant peut rencontrer la différence, que ce soit en termes de personnes, d’endroits, de connaissances ou de points de vue. Cette rencontre est essentielle pour l’adulte en devenir car elle permet d’élargir son horizon, de mieux comprendre le monde dans lequel on vit, de prendre de meilleures décisions et enfin, de devenir un adulte responsable. Ces objectifs ne peuvent être atteints que si les élèves, tous les élèves – qu’importe le milieu socio-économique-, reçoivent un enseignement de qualité. Or il y a encore énormément de différences de qualité entre les écoles et entre les filières. »

 

[i] Nom emprunté

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