Arthur, jeune professionnel en sciences économiques, a travaillé quelques années en consultance avant de revenir à sa passion de départ : l’enseignement. Avec son propre parcours scolaire semé d’embûches, il veut maintenant mettre son expérience et sa résilience au profit de ses élèves. Ainsi, il a opté pour le programme de Teach for Belgium pour l’accompagner dans ses premiers pas en tant qu’enseignant, a suivi la formation préparatoire cet été et a commencé à enseigner les mathématiques et l’économie à Bruxelles cette rentrée. Petit portrait d’un jeune professionnel devenu enseignant plein de bienveillance et de résilience … Rencontrez Arthur !
À 13 ans, j’ai été mené à développer une très grande résilience quand mes parents ont décidé de m’intégrer dans un internat à Malines et que j’ai dû continuer mes humanités en néerlandais. Je ne parlais pas un mot de néerlandais, et en quelques mois j’ai appris à me débrouiller tout seul et à devenir quasi indépendant. C’est là où j’ai appris l’importance de l’enseignant sur l’élève et les effets pervers du système scolaire en Belgique.
Moi-même, je n’ai pas eu beaucoup d’enseignant·e·s qui m’ont inspiré pendant ma scolarité, et j’ai surtout connu beaucoup de déceptions. Ironiquement – car c’est justement ces matières-là que je vais enseigner – c’était d’autant plus le cas pour les cours de sciences et de maths. Depuis la 3e secondaire je n’ai plus jamais réussi un seul examen de maths, et j’étais complètement démotivé. J’étais principalement dans des écoles à indice socio-économique élevé et j’ai vu de mes propres yeux à quel point c’est facile, si tu ne te bats pas ou que tu n’as personne qui se bat pour toi, de te faire écarter du système et de te faire renvoyer dans une école où les attentes sont beaucoup moins élevées. Le fait que les attentes et l’attention portées aux élèves soient aussi différentes d’une école à une autre est profondément injuste, alors qu’un·e enseignant·e peut vraiment faire la différence !
Je suis persuadé qu’avoir des attentes hautes ça stimule et ça donne envie de réussir. Parfois certaines personnes ont juste besoin d’étre vu·e·s, d’être entendu·e·s. Je ne vais pas prétendre pouvoir comprendre complètement ce que traverse un·e élève, quant à sa vie, son milieu ou son origine socio-économique, mais je peux comprendre sa détresse face à une feuille blanche qu’il·elle est incapable de remplir. Mon propre parcours scolaire a été semé d’embûches, je sais là où c’est compliqué, et grâce à mon expérience professionnelle j’ai davantage développé les compétences de l’écoute, de l’attention, et de mettre tout le monde dans le spotlight quand c’est nécessaire. Je pense que tout cela me permettra d’être l’enseignant que moi-même j’aurais aimé avoir. Je veux être vraiment un enseignant qui voit les élèves et qui les valorise.
Quant à mon parcours professionnel, j’ai d’abord commencé une année de droit, mais je me suis réorienté en sciences-économiques. À la fin de mes études, je pensais déjà à l’enseignement, car je me suis toujours senti bien devant une classe, j’ai toujours eu un bon feeling avec les jeunes, et je me voyais bien faire un boulot un peu plus social. Cependant, autour de moi tout le monde me disait ‘travaille dans le privé avant, fais tes armes’, même si avec le recul je pense qu’on fait beaucoup plus ses armes en travaillant dans l’enseignement qu’ailleurs. On a tendance à présenter l’enseignement parfois comme un deuxième choix, une deuxième carrière, alors qu’on devrait valoriser ce métier beaucoup plus justement. .
Pour ma part, j’ai donc d’abord fait 2 ans et demi dans une boîte de consultance. C’était une expérience très enrichissante et j’ai énormément appris, mais à un moment donné j’avais besoin de quelque chose avec plus d’impact social. J’ai basculé sur un poste de recruteur et de formateur pour des étudiant·e·s universitaires. J’aimais assez bien mais j’avais l’impression de donner des opportunités à des personnes qui avaient déjà toutes les chances dans leur vie et que les personnes issues d’un milieu socio-économiquement moins aisée avaient beaucoup moins de chances d’être sélectionnées. Et c’était notamment avec ces personnes-là que j’avais envie de travailler et de leur rendre quelque chose. L’enseignement me paraissait la voie par excellence pour le faire. De mon expérience en auditoire j’ai vraiment ressenti une passion pour l’enseignement, combiné à mon envie d’enrichissement social et de réduction des iniquités dans une société. Alors j’ai directement pensé à Teach for Belgium, que je connaissais déjà d’avant via deux alumni du programme.
Ce qui rend le programme de Teach for Belgium unique pour moi c’est l’accompagnement. Que ce soit dans des écoles à indice socio-économique faible ou pas, l’accompagnement d’un·e jeune professeur·e reste primordial. Après avoir parcouru les 4 semaines de formation d’été, je me suis vraiment senti prêt à donner cours, d’autant plus que pendant l’académie d’été, on nous a déjà mis dans le bain.
En plus, une autre plus-value du programme c’est vraiment l’aspect de la réduction des inégalités. Et puis, ce qui m’a aussi marqué pendant ces premières semaines du programme c’est la communauté et la cohésion. On vient tous d’horizons très différents, mais on est là pour la même raison, on se comprend. Et bien évidemment, comme outil pratique, je retiens les teaching techniques, qui vont vraiment me faciliter la vie en tant qu’enseignant débutant.
Pendant la ZomerAcadémieD’Été, la rencontre avec mes élèves, et le fait d’être en classe et d’apprendre à les connaître, c’était ce qui m’a donné le plus d’énergie.
C’est notamment cela qui va me nourrir pour cette première rentrée.
Cet été nous avons accueilli une toute nouvelle cohorte de (futur·e·s) enseignant·e·s qui ont rejoint les 394 enseignant·e·s Teach for Belgium qui ont déjà fait le pas avant eux·elles. Pendant 2 semaines ils·elles ont suivi une formation intensive pour enchaîner avec 2 semaines de cours à des élèves bruxellois·e·s à notre ZomerAcadémieD’Été. Depuis la rentrée scolaire, ils·elles se retrouvent devant une classe et seront suivi·e·s pendant deux ans par un·e mentor Teach for Belgium. Suivez les témoignages de notre nouvelle cohorte ici et rencontrez nos nouveaux·elles enseignant·e·s Teach for Belgium !
