On peut être prof et avoir de l’ambition

C’est en stimulant la motivation des enseignants qu’on pourra revaloriser la fonction, et attirer et garder les talents.

J’ai hâte de me lancer dans cette nouvelle année scolaire. Ne vous leurrez pas, je sais que les premières semaines de reprise vont être difficiles. Et que les suivantes vont me réserver mon lot de stress, de frustration et de fatigue. Et pourtant… j’ai hâte ! Hâte de me lancer dans de nouveaux projets, que ce soit à l’échelle de quelques heures de cours ou encore à l’échelle de l’école. Participer à un concours d’écriture, m’investir dans le conseil des élèves, organiser la deuxième édition du concours de talents dans mon école : j’aimerais tenter d’accomplir tout cela cette année.

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Participer à l’évolution de mon école, contribuer à faire de mon école un endroit où les élèves se sentent valorisés et où ils peuvent développer leurs talents, c’est ce qui me porte aujourd’hui et qui fait que j’aime ce que je fais.

Quand je repense à mes débuts en tant que prof, je me rappelle pourtant que la “simple” prestation de mes heures de cours me semblait parfois difficile à accomplir. Quand j’entendais des collègues me parler des projets qu’ils mettaient en place dans l’école, je me demandais où ils trouvaient leur énergie… C’est lors de ma deuxième année d’enseignement que j’ai reçu le petit coup de pied aux fesses qu’il me fallait et qui me fait écrire ces mots aujourd’hui.

Ma première année comme enseignante avait été harassante par moments et j’avais l’impression d’enfin me sentir plus à l’aise, plus en contrôle. Ma tutrice était venue m’observer en classe et, lors de notre débriefing, elle m’a dit que je m’en sortais bien mais qu’il était temps de sortir de ma zone de confort et de me lancer de nouveaux défis. Sur le moment, cela m’a un peu agacée : est-ce que je n’avais pas le droit de souffler un peu ? Malgré tout, ses paroles ont fait leur chemin dans mon esprit. Et, plusieurs semaines plus tard, voilà que je me lançais dans l’organisation d’un concours de talents dans mon école. Oui, c’était une charge de travail supplémentaire mais en fait, ils avaient raison, mes courageux collègues profs qui avaient déjà sauté le pas, cela m’a boostée ! Tellement boostée qu’aujourd’hui je fourmille de nouvelles idées et que j’ai hâte d’essayer de les concrétiser.

Je me rends compte à présent que je suis pleine d’ambition. Oui, on peut être prof et avoir de l’ambition ! Ce serait même préférable. Malheureusement, mon sentiment est qu’aujourd’hui un prof n’a qu’à se stimuler tout seul, n’a qu’à se mettre de nouveaux défis par lui-même et n’a qu’à se contenter, comme seule récompense, du sentiment de fierté personnelle. Un prof aujourd’hui doit se former, se motiver, s’encourager et se féliciter lui-même. Sans reconnaissance, la motivation initiale intrinsèque de beaucoup de professeurs finit souvent par s’émousser. Ma motivation, faute de stimulation, va-t-elle finir par s’évanouir ? Irai-je chercher cet encouragement et cette valorisation de mes efforts ailleurs ? Peut-être. Mais comment s’assurer du contraire ?

Je vote pour une véritable formation continue des professeurs, construite en tenant compte de leurs attentes, de nos attentes. Je vote pour donner aux professeurs de nombreuses opportunités d’être inspirés. Je vote pour le fait de proposer aux professeurs de réelles possibilités d’évolution professionnelle (plus de responsabilités par exemple), qui seraient valorisées par de réelles augmentations salariales. Aujourd’hui, les directions ont beau faire de leur mieux pour motiver leur équipe éducative, le système ne leur donne pas suffisamment les moyens de stimuler et maintenir cette motivation.

À mon avis, il est urgent de faire évoluer le modèle car c’est en stimulant et valorisant l’ambition et la motivation des enseignants qu’on pourra revaloriser la fonction enseignante et attirer, retenir et développer de nombreux talents dans l’enseignement.

Florence, Master en didactique, désormais professeur de français
en communauté néerlandophone.

Cet article a été publié le 10 septembre 2018 dans le cadre d’un column pour le journal La Libre.

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