Je ne veux pas être un prof sur son piédestal

Thibault La Libre

Publié le 

Contrairement à une idée répandue, les études pour devenir prof n’ont jamais attiré autant de jeunes qu’aujourd’hui. Les chiffres sont très clairs à ce propos. Comme un certain nombre de ses collègues, Thibaut Manhaegh est dans les starting-blocks. Cette semaine, ce sera sa première rentrée des classes d’enseignant !

Un enthousiasme très communicatif

À 24 ans, le jeune diplômé s’apprête à concrétiser son rêve : dans quelques heures, il donnera son premier cours. Bioingénieur en sciences et technologies de l’environnement (ULG), il enseignera les mathématiques en 4e, 5e et 6e secondaires à l’Institut Dominique Pire, dans le centre de Bruxelles. “Il y a pénurie de profs de math, précise-t-il. C’est pourquoi je peux travailler en secondaires supérieures même si je n’ai pas l’agrégation. Mais je compte bien passer ce diplôme en cours du soir. La pédagogie, ce qu’on sait des neurosciences, etc. : tout cela me passionne !”

D’emblée, l’enthousiasme du jeune homme est très communicatif. Et il grimpe encore d’un cran quand il se met à parler mathématiques. Passons sur les détails de l’épisode où, avec trois trousses de crayons et quelques feutres, il donne vie avec passion au concept tellement abstrait d’équation à une inconnue ! “Je sais l’impact du professeur sur l’intérêt des jeunes pour une matière. Quand j’étais à l’école, confesse-t-il, je n’aimais pas du tout les math. C’est à l’université que ça m’a pris… Mon envie d’enseigner, elle, est née lorsque j’étais responsable de Patro et elle s’est précisée lorsque je donnais des cours particuliers.” À l’époque, cette expérience le convainc de s’investir pour le plus grand nombre.

“Comme un enseignant qui montre du respect”

Thibaut a quitté Tournai “pour une coloc très sympa à 20 minutes à pied de l’école”. Il ne se lance pas à l’aveugle, bien au contraire.

Riche de deux missions bénévoles dans la lignée de son diplôme universitaire, en Bolivie et en Chine, qui ont sculpté ses capacités d’adaptation, il rejoint une association qui forme des jeunes diplômés mais aussi d’autres professionnels au métier d’enseignant (1). “Cet encadrement est très important. Nous sommes une cinquantaine à commencer à donner cours en même temps. On se soutient. Et puis des week-ends de formation sont encore planifiés pendant deux ans.”

À quelques encablures de son entrée dans la vie active, le nouveau prof s’est préparé. “Il y a deux mois, j’ai refait ma garde-robe”, plaisante-t-il, puis plus sérieux : “La forme est importante. Je veux être présentable comme un enseignant qui montre du respect à ses élèves.” Des jeunes auxquels il souhaite, en priorité, stimuler l’appétit d’apprendre. “J’ai lu le programme, les objectifs à atteindre. Les math sont une matière conceptuelle : je veux avant tout travailler à trouver des situations concrètes, une façon d’incarner les concepts qui pourrait intéresser la classe.”

Quelques visites dans sa nouvelle école, cet été, lui ont permis de prendre contact avec plusieurs collègues et d’en recevoir les premiers conseils. “Je ne suis pas stressé mais plutôt impatient de rencontrer mes élèves. Je me réjouis d’établir avec chacun une connexion d’adulte à adulte. Mon principal objectif est de les amener à être acteurs de leurs apprentissages, responsables de leur propre vie.” Si le déclic de la curiosité intellectuelle se produit, dit-il, ce sera gagné ! “Partir du postulat que les élèves sont capables les rendra capables !”

“Un jour, on aura l’excellence pour tous”

Il a déjà bien ficelé son premier cours et préparé, dans sa tête, ce qu’il dira en arrivant. “Je resterai avant tout moi-même. Je ne veux pas être un prof sur son piédestal. J’ai bien sûr des exigences pour qu’il y ait du respect en classe. Mais j’ai surtout l’intention de valoriser ce que chacun réussit. Et je sais aussi qu’un prof doit accepter qu’il peut se tromper.” Ce qui, pour lui, n’a rien de dévalorisant. Son job, il y croit à 2 000 % !

“Un jour, on aura l’excellence pour tous. J’en suis certain ! Vous vous rendez compte de l’importance colossale qu’a le métier d’enseignant ?” Un métier, il en est sûr aussi, qui ne peut pas s’exercer sans passion.

Vous avez aimé cet article? Partagez-le

A lire aussi...

Remédiation : la seconde sess dans le viseur

Après un an et demi de crise COVID, le retard scolaire s’est fortement accumulé. Afin de se mettre à niveau et préparer au mieux la prochaine rentrée, 400 jeunes issus de quartiers défavorisés ont décidé de suivre volontairement des cours de remédiation à nos Académies d’été.

Lire la suite »

L’invité dans l’actu

Caroline Laurent, participante de Teach for Belgium, et Caroline de Cartier, notre directrice, ont été reçues sur la Première. Elles ont parlé de l’Académie d’été et comment celle ci s’intègre dans notre stratégie. A vos écouteurs!

Lire la suite »

Abonnez-vous à notre newsletter

* champs obligatoires
FR
This site is registered on wpml.org as a development site.