L’importance du relationnel

Nos élèves nous font réaliser que le relationnel est plus important que la connaissance et le savoir.

Yassine (2)

A travers ces quelques lignes, j’ai à cœur de vous partager l’expérience d’un professeur. Un professeur parmi tant d’autres dans ce vaste réseau de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles. Je ne pensais pas débuter si jeune dans le métier. J’étais enfermé dans une croyance qu’il faut une certaine maturité ou un âge plus avancé avant de considérer pouvoir rejoindre le rang des enseignants. Cependant, la conviction de l’importance de ce métier était, selon moi, le facteur clé à prendre en compte.

En débutant ma carrière dans le secteur privé, j’ai très vite constaté que ce n’était pas fait pour moi. J’avais besoin de me tourner vers quelque chose qui avait plus de sens, plus d’impact. Depuis le mois de septembre, j’enseigne le néerlandais dans une école à indice socio-économique faible à Etterbeek. Je m’étais préparé à des débuts confrontants voire impossibles. Très vite, je me suis rendu compte qu’on m’avait vendu un cauchemar mais que la réalité est autre.

Mon premier constat fut que le relationnel était le maître du jeu et le sésame qui permet d’ouvrir toutes les portes. C’est crucial d’arriver à trouver un équilibre entre un personnage qui incarne l’autorité d’une part, et un humain auquel les élèves peuvent s’identifier d’autre part. La consistance du cadre est en opposition avec l’incarnation d’une figure d’ouverture, d’accueil et d’empathie. Le jeu subtil entre ces deux pôles est mon challenge quotidien. Ce jeu subtil est encore plus essentiel dans l’école où je travaille où les élèves nous font très vite réaliser que l’importance du relationnel va au-delà de celui de la connaissance et du savoir.

Un cadre bien défini rassure et donne du rythme. Avant cela, il est difficile de parier sur la réussite de la transmission des connaissances et des savoirs. Cela n’est pas une chose simple, mais c’est ce qui fait justement la force du métier : il faut en permanence être attentif, créateur pour que les élèves restent en projet. C’est un défi permanent, mais c’est également la raison qui me permet de confirmer qu’enseigner est selon moi le plus beau métier du monde. En tant qu’enseignant, on est comme les élèves : toujours en projet.

Aujourd’hui, mon expérience sur le terrain me permet de mieux comprendre en quoi la tâche d’un professeur est si large et si pertinente. Un enseignant se doit, en dehors de sa mission centrale d’enseigner, d’être un acteur de changement, un éducateur, un employé administratif, un gestionnaire de ressources humaines. Un professeur occupe une panoplie de rôles au quotidien. La diversité de cette mission “booste” et motive à toujours donner le meilleur de soi. L’ampleur de la tâche pousse au-delà de nos limites.

Mon rôle d’enseignant m’a également fait évoluer sur le plan humain. En accomplissant cette variété de rôles, je me suis rendu compte de l’importance de l’empathie, du partage et de la reconnaissance. Ces qualités sont devenues essentielles au quotidien. En tant que professeur de langues, j’ai constaté une chose flagrante : le manque de compétences orales des élèves, et ce que ce soit pour l’enseignement général, technique ou professionnel. Beaucoup d’élèves connaissent parfaitement les règles de grammaire, et maîtrisent un vocabulaire large et varié, mais cela ne prouve pas leur capacité à parler le néerlandais. Pourtant, quelle est la finalité la plus importante dans une langue (étrangère) ? Selon moi, l’expression orale est bien plus importante que les trois autres compétences (lecture, audition et écrit).

Ayant moi-même eu la chance d’effectuer mes études en néerlandais, mon objectif principal est de fournir un petit bagage oral à mes élèves. Ceci leur permettra je l’espère d’augmenter leurs chances d’intégrer le marché de l’emploi bruxellois qui met évidemment l’accent sur une communication bilingue. Bref, j’ai 25 ans, je travaille dans une école à indice socio-économique faible et j’aime ça !

Yassine, Master Sociologie, désormais professeur de néerlandais dans une école d’Etterbeek

Cet article a été publié le 26 mars 2018 dans le cadre d’un column pour la Libre.

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