Je suis bio ingénieur de formation. J’ai entendu parler de Teach for Belgium à une Jobfair à l’ULB. Ce projet m’a parlé car il concerne le milieu dont je suis issu, là où j’ai grandi.
Je me rends compte que les moyens sont faibles, les élèves n’ont pas accès à ce dont ils auraient besoin pour avoir une bonne éducation. Les élèves ont des horizons très différents, ils n’ont pas une bonne maitrise de la langue, ils font face à beaucoup de racisme et de problème d’intégration. Ils ont des difficultés au quotidien au niveau financier, ils essaient de se faire une place, et ils se posent beaucoup de questions sur leur légitimité. Ils limitent leur potentiel car ils pensent qu’ils sont destinés à rester en professionnel, et ne pas faire d’études, car ils pensent qu’ils n’ont pas accès aux métiers typiques de citoyens belges ; en se basant sur leur entourage ils se convainquent que ce n’est pas leur ‘destinée’. Ils ont un potentiel insoupçonné qu’ils ne mesurent pas car ils se limitent au passé de leur famille.
Personnellement, j’ai grandi à Molenbeek, et j’ai vécu le manque de moyens, donc je peux m’identifier à mes élèves. Mes parents ont toujours cru en mon potentiel, en 5ième primaire, une prof a voulu me mettre en professionnel, mes parents se sont ‘battus’ pour moi, pour que j’échappe à ce sort.
Le système éducationnel belge fait en sorte qu’il y’ait un tri, les élèves se retrouvent dans des sections qui ne leur correspondent pas car ils n’ont pas eu la possibilité de choisir. Certains se retrouvent en plomberie/électricité alors qu’ils ne veulent pas du tout faire ça de leur vie.
Ce qui est dommage ce que les parents ne croient pas au potentiel de leurs enfants et ils écoutent aveuglement les enseignants. C’est pourtant crucial de ne pas orienter des élèves vers quelque chose qui ne leur correspond pas, de nombreux professeurs font cette erreur.
Selon moi, le plus important c’est d’être dans l’affectif et dans le relationnel. J’essaie de comprendre mes élèves et de m’ouvrir à leur milieu. Malgré le fait que je suis issu du même milieu, j’en apprends tous les jours sur eux. Le relationnel et la compréhension du contexte aident à créer un lien avec les élèves pour renforcer la confiance. Une fois la confiance établie, cela devient plus facile de faire passer un message à propos des cours ou sur la société en général. Il faut apprendre à connaitre le contexte pour mieux pouvoir les comprendre plutôt que d’aller directement en confrontation. Par exemple, si un élève n’a pas rendu un devoir car il n’a pas de domicile, c’est peut-être plus productif d’en parler plutôt que de le sanctionner.
La formule magique c’est de croire au potentiel des élèves, beaucoup d’élèves n’osent pas parler car ils ont été trop rabaissé dans le passé. Le soutien des parents est également essentiel pour soulager les enseignants et perpétuer le travail à la maison.
La formation Teach for Belgium aide beaucoup. Quand je suis arrivé le 1 septembre, j’étais vraiment déstressé car j’avais déjà eu l’expérience d’une classe pendant l’été et je savais donc à quoi m’attendre. Le coaching des tuteurs permet de s’améliorer grâce aux précieux conseils. L’équipe Teach for Belgium est également super soudée, il y’a énormément d’entraide. C’est agréable de se retrouver avec des personnes qui enseignent la même matière pour partager du contenu. Le réseau Teach for Belgium est vraiment super large et bénéfique, les conseils reçus sont innombrables. Le programme Teach for Belgium m’a vraiment évité d’être largué.
Enseigner est un métier magique, surtout si on voit les yeux des élèves s’émerveiller quand ils apprennent quelque chose de nouveau. C’est un métier qui a du sens, même si on est fatigué à la fin de la journée, on est nourri sur le plan relationnel.
Badredine, Master bio ingénieur, désormais professeur de sciences à Bruxelles
https://soundcloud.com/arabelfm/podcast-edr-hynd-et-badredine-teach-for-belgium-20032018 Voici le témoignage diffusé sur Arabel!